Alors que la rentrée parlementaire a lieu, l’unité et la convergence du groupe socialiste se trouvent déjà mises à l’épreuve. En effet, la question de la ratification du pacte budgétaire européen (traité sur la stabilisation, la coordination et la gouvernance), lequel comporte la fameuse « règle d’or » pour garantir l’équilibre des finances publiques, divise.
Pascal Cherki, nouveau député de Paris et maire du 14ème arrondissement, est sorti de sa torpeur estivale pour indiquer qu’il ne votera pas le texte.
Mercredi dernier, l’argumentaire de Bernard Cazeneuve adressé aux députés socialistes ne l’a donc pas convaincu. Avouons qu’il sera bien difficile à ceux qui, comme lui, ont dit « non à l’Europe » en 2005 de défendre en 2012 ce qui a violemment été vilipendé quelques années plus tôt !
Mais plus encore, cette attitude de Pascal Cherki ressemble fort à une basse manœuvre politicienne destinée à séduire un électorat d’extrême gauche peu disposé à voir, dans le projet européen, le coup d’arrêt à l’infernale spirale de l’endettement qui frappe notre pays.
De fait, Pascal Cherki a beau jeu de prétexter le « risque majeur » encouru par la France si se trouve ratifiée la « règle d’or ». A ses yeux, la sévère récession qui s’ensuivrait ferait les gorges chaudes de l’extrême droite et des partisans d’un repli nationaliste.
Est-il préférable de jouer l’autruche, en s’isolant pour mieux oublier cette crise qui frappe tous les Etats européens, renonçant ainsi à toute possibilité pour la France d’agir véritablement au sein d’une Europe plus forte de multiples volontés consensuelles ?
A l’aide d’une référence historique de meilleur goût que celle employée en avril dernier quand il avait comparé Nicolas Sarkozy à Hitler, Pascal Cherki paraphrase Churchill : « Je crains, (…) qu’à force de risquer la récession pour réduire le déficit et maintenir des taux d’intérêt bas, nous n’ayons à la fin la récession, le déficit, la hausse du chômage et la hausse des taux d’intérêt. J’espère me tromper lourdement mais (…) ».
A n’en pas douter, les cadeaux électoraux du PS et autres mesures démagogiques sont en effet une solution plus durable.
Aujourd’hui, tous les Français dont les Parisiens du 14ème arrondissement, éprouvent la hausse de la fiscalité qui résulte d’une politique dépensière et non d’investissement. Mais sans doute est-il plus commode de dénoncer l’Europe comme responsable de tous les maux économiques qui nous affectent! Il existe pourtant un « principe de réalité » auquel le traité européen pourrait bien être la solution.
Monsieur Cherki, vous qui, comme Churchill, « craignez (…) mais espérez vous tromper », je me permettrai de rappeler ces mots de Richelieu qui délivrent encore aujourd’hui une sagesse certaine : « Les intérêts publics obligent ceux qui ont la conduite des États à les gouverner en sorte qu’ils puissent non seulement les garantir de tout le mal qui se peut éviter, mais encore de l’appréhension qu’ils en pourraient avoir. »
Face à cette crise inégalée, la France et l’Europe ont besoin de l’adoption rapide de ce traité dont l’essentiel avait été négocié avec talent par Nicolas Sarkozy avec nos partenaires. En effet, contrairement à ses promesses de campagne, le President Hollande n’a pas renégocié ce traité (c’est au moins un point d’accord que nous pouvons avoir avec Pascal Cherki) dans la mesure où cela était impossible…comme nous l’avions dit à l’époque, sans être malheureusement audibles.
Avec les radicaux et les différentes composantes du centre et du centre-droit, profondément attachés à la construction européenne depuis toujours, je dis qu’aujourd’hui l’Europe n’a pas besoin d’une nouvelle crise institutionnelle mais, au contraire, d’un nouveau souffle vers une plus forte intégration dont l’adoption de ce traité est une étape indispensable.
Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de moins d’Europe mais au contraire de plus d’Europe. Plus que jamais l’avenir de la France est européen !